Pour explorer les enjeux de la création d’environnements virtuels, l’équipe de Back Office s’est entretenue avec la designer graphique Tereza Ruller, cofondatrice du studio néerlandais The Rodina avec son compagnon Vit Ruller. Leur pratique du « design performatif » opère comme une approche critique pour traiter d’enjeux sociaux au travers d’interactions in situ entre participant·es. Explorant également les possibilités des espaces tridimensionnels pour des contextes événementiels, The Rodina prend le contre-pied des métavers commerciaux et des jeux vidéo photoréalistes.
Tereza Ruller Bonjour, je suis Tereza Ruller, cofondatrice de The Rodina. The Rodina est un studio de design graphique et aussi une petite cellule familiale : mon associé et moi-même sommes un couple — d’ailleurs « rodina », en tchèque, ma langue maternelle, signifie « famille ». Lorsque nous nous sommes rencontrés, mon partenaire Vit avait étudié la psychologie et l’architecture. Moi, je viens plutôt d’un milieu artistique : je m’intéressais à Fluxus, à la performance, à l’art conceptuel et à la vidéo. Nous avons commencé à travailler ensemble en République tchèque, principalement sur du VJing pour des salles de spectacles. Progressivement, nous avons réalisé que ce qui nous intéressait était lié aux façons de communiquer. Pas tellement le design imprimé statique, mais plutôt le travail du mouvement, la création d’expériences et les échanges en direct avec les gens. Nous avons donc déménagé aux Pays-Bas pour étudier le design graphique à la Royal Academy of Art de La Haye (KABK). Puis, après une petite pause, j’ai intégré le master du Sandberg Instituut à Amsterdam.
Nous travaillons réellement ensemble : lorsque nous pensons un projet, nous nous asseyons côte à côte et discutons de la composition, de la position de ceci, du mouvement ou du comportement de cela, etc. Même si Vit est expert en programmation et que je n’ai que quelques bases techniques rudimentaires, les décisions conceptuelles et visuelles sont prises ensemble. Ce n’est pas comme si je m’occupais de l’esthétique et qu’il codait.
TR Plus que l’espace, ce qui nous intéresse, c’est de travailler avec les gens, et les gens ont bien sûr un corps ! Pour assister à une performance, ils·elles doivent se rendre physiquement dans un lieu particulier. Je ne dirais pas que c’est une limitation, mais c’est très inspirant de réfléchir aux espaces virtuels comme des moyens de dépasser ces contraintes physiques et cela pose beaucoup de questions : comment faire naviguer des avatars ? Comment échanger ensemb…