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Retour vers le futur des interfaces 3D

Nolwenn Maudet

Les interfaces tridimensionnelles11 Je distingue dans cet article les interfaces (représentations) 3D d’un côté et les interactions 3D — telles que les interactions gestuelles à la Minority Report (2002) — de l’autre, car les deux ne vont pas forcément de pair. Les interfaces 3D se distinguent des interfaces 2D par leur nécessité d’être interactives, mais il est tout à fait possible de naviguer dans des espaces 3D via des dispositifs interactifs 2D comme la souris. tiennent une place à part dans la grande famille des interfaces. À la fois très répandues dans certains domaines, comme dans les jeux vidéo, qui nous ont habitués depuis plusieurs décennies à naviguer dans d’immenses paysages modélisés, elles restent étrangement très peu présentes dans d’autres recoins du numérique, et en particulier dans les logiciels et applications de visualisation et de manipulation de l’information.Il existe ainsi un grand écart entre d’un côté la place que ces interfaces occupent encore aujourd’hui comme archétype du futur, et de l’autre leur relative absence dans nos quotidiens informatisés.

La 3D comme perpétuel futur des interfaces

Il est facile d’imaginer que les interfaces 3D auraient été développées après les interfaces 2D, ce qui expliquerait leur manque de maturité et le fait qu’elles n’aient pas encore été adoptées dans tous les domaines. Pourtant, le fait de pouvoir interagir avec des objets dans des espaces 3D est l’un des plus vieux rêves des chercheur·euses en interaction humain-machine (IHM), et l’histoire de ces interfaces remonte presque aussi loin que celle des interfaces 2D. Dès 1968, au MIT, Ivan Sutherland propose un appareil de réalité virtuelle, un casque de visualisation binoculaire22 Ivan Sutherland, « A Head-Mounted Three-Dimensional Display », Proceedings of the Fall Joint Computer Conference, New York, ACM, 1968, p. 757-764. qui permet, en tournant la tête, de changer de point de vue dans un espace filaire (wireframe) en trois dimensions — et cela cinq ans seulement après avoir créé Sketchpad, la toute première interface graphique.

Pour comprendre ce qui fait des interfaces 3D de perpétuelles interfaces du futur, il faut plutôt se tourner vers d’autres hypothèses. Pour les chercheurs en media studies Christian Ulrik Andersen et Søren Pold, « il existe une tendance générale à développer des technologies à la lumière des utopies…