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Jan, Laure, Sorio et moi

Laure Limongi

« Quand le fleuve est lent, et que l’on peut compter sur une bonne bicyclette ou un bon cheval, il est vraiment possible de se baigner deux fois (et même trois, selon les règles d’hygiène propres à chacun) dans les mêmes eaux d’un fleuve. »
— Augusto Monterroso, Lo demás es silencio, 1978.

« They say they need more data. »
— Antoine Viviani, Dans les limbes, 2015.

Elle se retourne et une longue mèche brune teinte de nuit la blancheur presque aveuglante, à une heure si matinale, de l’oreiller. Elle ne croise pas mon regard, ses pupilles d’eau me transpercent pour se perdre sur le mur où les motifs surannés de ma chambre d’enfance tentent la touffeur. Végétaux et prolixes. La voix de ma mère que précèdent les volutes du café. Le temps qu’il faisait là-bas, placide. Battement de cils au-dessus des draps. Son image réveille des milliers de pensées en forme d’e-mails et textos échangés, photos, selfies, mots d’amour, étreintes, disputes et réconciliations, tous ces trajets en avion entre nos deux maisons, elle laisse toujours glisser sa tête endormie sur mon épaule, je nous prends en photo ainsi, sanglés à l’appareil qui n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière, c’est devenu un rituel. De longs fils d’or restent prisonniers de ma veste. Les Noëls en famille qu’on alterne. Les destinations de vacances choisies. Les amis communs. Cela fait si peu de temps, cela fait si longtemps. Je tends ma main pour caresser sa joue. Elle ferme les yeux. Quelques minutes plus tard, elle se lève en silence et sa silhouette anime théâtralement les murs blancs de notre chambre, son long déshabillé de satin noir la transforme en héroïne de cinéma muet, la nuque dégagée par sa coupe à la Louise Brooks qu’accentue une posture gracieuse de liseuse de Vermeer, presque méditative. Le plus souvent, c’est moi qui me lève en premier, sans même la réveiller. Elle aime beaucoup dormir, presque autant que le noir et blanc, et s’enrouler dans les draps. Je prépare mes affaires sur une chaise la veille et je me déplie lentement à l’aube, sans même avoir besoin d’un réveil. La poésie m’attend. Mais cette fois-ci, elle a disparu de la scène, me laissant avec un étrange sentiment de confusion. Nos souvenirs communs déferlent à grande vitesse et je ne sais pas quoi faire de ma journée. Les tâches ne manquent pourtant pas, comment puis-je m’autoriser une telle liberté ? pourquoi cette mélancolie ? D’après le calendrier, aucun anniversaire en vue ni fêtes de fin d’année, aucun jalon temporel ambivalent pour expliquer ce malaise. Chaque matin, les alternatives sont multiples, la vida es un jardín de senderos que se bifurcan. 

Jean Levi’s 501 blue festival rain taille 30, chemise Agnès B. blanche Andy taille 40, manteau noir Uniqlo en laine taille M, chaussures Dr Martens 1460 Black taille 8, sac EastPak Padded Pak’R traditional navy blue, le métro est en retard et je ne sens pas le poids de mon corps. « Depuis hier, il ne faut plus dire ‹ colis suspect ›, mais ‹ bagage abandonné ›… », je surprends l’échange de deux employés du réseau, apparemment dubitatifs. Patients, les usagers ont le visage éclairé par l’écran de leur téléphone portable. Ils se penchent vers lui comme s’ils murmuraient une berceuse à un tout jeune enfant. O ciucciarella nun sai quantu t’adoru, le to bellezze, le to cullane d’oru, ciucciarella inzuccarata quantu hé longa sta nuttata, fà la ninna fà la nanna, u to babbu hé à la campagna. Les dispositifs municipaux anti-SDF font scandale. Un projet de téléfilm prenant pour toile de fond le 13 novembre 2015. Un froid polaire s’est abattu sur l’Amérique du Nord et, en toute ironie, des incendies se déclarent. Le lait contaminé, les morts célèbres, les morts anonymes, les explosions, les accidents, le pouvoir d’achat, l’impuissance à agir ; et les bébés pandas. Les jupes de Brigitte Macron. En Méditerranée, les noyés sont des Nomen Nescio, noms inconnus ; on les numérote. Ils sont de plus en plus nombreux. Même quand ils sont adultes et savent nager, ils se noient à cause des conditions météorologiques défavorables qui ont retourné leur embarcation, de l’épuisement ou du froid. Et parce que les côtes sont loin. Savoir nager est une faculté qui n’est pas commune à toutes les espèces. On a longtemps cru que, malgré 98 % de leur patrimoine génétique en commun avec homo sapiens, les singes ne pouvaient pas nager en raison de leur masse musculaire imposante ; dans La Planète des singes, par exemple, les humains traqués se servent de cette différence avec leurs oppresseurs simiens pour les semer. En réalité, ils sont plutôt terrorisés par un élément qu’ils connaissent mal, certains individus improvisent une brasse tout à fait convaincante. Les hippopotames, en revanche, sont à l’aise dans l’eau. Malgré un poids moyen d’environ 1500 kg, ils peuvent courir à 30 km/h sur de courtes distances et nager à 8 km/h, mais aussi se déplacer de façon spectaculaire dans les rivières peu profondes, par bonds successifs à partir du fond. Les mâles délimitent leur territoire en projetant à plusieurs mètres leurs excréments tout en réalisant un rapide mouvement circulaire de leur queue en forme de pinceau. Donald Trump déclare que Jérusalem est la capitale d’Israël. L’espérance de vie des Américains est en baisse pour la deuxième année consécutive en raison des morts par overdoses. Le trafic est suspendu. Veuillez emprunter les correspondances. Je m’attarde un peu sur le quai déserté. Derrière moi, la vallée descend vers le golfe de Saint-Florent. Le panorama est flouté par une légère brume. La nuit, les lumières clignotent comme si elles respiraient, le silence se déchire de quelques cris de bête. La propriété dévale la colline, on la dirait pressée d’arriver jusqu’à la mer. C’étaient autrefois de riches terres agricoles qui espèrent montrer à nouveau toute la générosité dont elles sont capables. En attendant, les ronces serpentent, placides, la nepita parfume tout, quelques lézards paressent, en ton sur ton avec l’herbe nourrie en profondeur par les sources, des artistes animent les lieux quelques semaines par an. Avant que le soleil ne se couche, ils vont se baigner à la cascade de Sorio et ils reviennent avec des yeux d’enfants, comme d’une autre planète. Les arbres semblent apprécier le passage, les films, la musique ; j’ai parfois l’impression que leurs branches accompagnent les préludes et sonates qui s’échappent de mon piano. Le profil de mon grand-père apparaît en noir et blanc avec, en second plan, celui de la ruine qui ne l’était pas alors, un peu floue ; on a fait le point sur l’aïeul. Le tirage est très contrasté et écrase les détails, peut-être réalisé par mon oncle, il me semble que ma grand-mère m’avait raconté sa période de photographe amateur, il avait colonisé la salle de bains du rez-de-chaussée de la maison de Pieve avec un agrandisseur, des cuves et des produits qui sentaient horriblement mauvais, se souvenait-elle. Sans doute pas plus que cette station de métro. On en parlait dans tout le village. Deux contrôleurs, étonnés de me trouver en train de rêvasser sur ce quai peu hospitalier, marchent d’un bon pas vers moi. Un homme, une femme, également vêtus de vert bouteille. Ils me demandent mon titre de transport, je sors ma carte que le contrôleur saisit brutalement. Il prononce mon nom à haute voix, « Tony Viviani », en omettant l’accent tonique, j’en ai hélas l’habitude par ici, cela m’agace toujours, mais je sens que ce n’est pas le moment de rectifier, le contrôleur le répète, toujours à la française, en nous regardant à plusieurs reprises, soupçonneux, ma carte et moi. C’est bien ma gueule, c’est bien mon nom, c’est bien ma carte de transports. Il a l’air déçu de ne pas pouvoir verbaliser. La contrôleuse, qui jette un œil par-dessus son épaule, lance alors : « Oh ! vous ressemblez à Alain Delon ! La publicité pour le parfum, là… » Apparemment davantage mon image que son incarnation, je ne m’entends pas moins rétorquer avec un sourire charmeur « En mieux, dit ma mère » sans savoir pourquoi je cherche à rendre la scène encore plus gênante. Je crois que je me mets à rougir. Elle poursuit d’un air extatique, deux notes au-dessus : « Aimez-vous autant que je les admire Chopin et Mendelssohn ?… », mais son collègue la tire par le bras en grommelant et l’entraîne loin de moi, sa voix s’éteint en decrescendo. « Certes, je ne connais rien de vous, mais je perçois dans vos yeux, dans votre comportement… » Comment a-t-elle pu deviner que j’étais pianiste ? J’espère que son collègue ne lui a pas fait mal. J’émerge à la surface, l’air frais fouette mon visage, plus vivement qu’à l’accoutumée dans la capitale. Un léger mal de tête s’amorce peut-être ; j’espère échapper à l’épidémie de grippe. On attend la tempête Carmen pour le Nouvel An. Les côtes bretonnes sont déjà balayées par des bourrasques, en voici les derniers soupirs, exténués après presque 600 km de terres parcourues. Je profite de la sensualité du vent affaibli. Comment peut-on jouir de ce qui blesse d’autres êtres vivants ? À Sibiril, une mini tornade a fait trembler des maisons et voler des objets dans le ciel. Un bâtiment est tombé comme un château de cartes, un trampoline s’est envolé vers un meilleur destin. Je vois des canards passer au-dessus du pont des Arts et je comprends qu’ils quittent, pour la saison, tout du moins, les rives de la Seine. Cela me rend terriblement triste. L’oiseau que tu croyais surprendre battit de l’aile et s’envola. L’amour est loin tu peux l’attendre ; tu ne l’attends plus, il est là. Je m’accoude à la rambarde ; par bonheur les affreux cadenas ne gâchent plus le paysage, quelle idée de symboliser l’amour par un verrou fermé à clef ? Tu crois le tenir, il t’évite, tu crois l’éviter, il te tient ; et mes yeux se perdent dans les flots de la Seine, d’une couleur indéfinissable entre le marron et le kaki. Le Tibre, à Rome, est souvent plus vert, mais sent davantage en été. J’entends des cris de mouettes comme au Havre ou à Bastia et je me demande quels nouveaux sons exotiques en milieu urbain nous réserve le réchauffement climatique. Le chant mélancolique du toucan ? Les silhouettes charnues des canards s’éloignent, haut dans le ciel, des larmes coulent sur mes joues, leur sel est rapidement séché par les premières notes de Carmen, j’ai l’impression que mes jambes pèsent des tonnes et m’agrippent à ce moment. Et puis mon ami Jean-Noël en gâche la solennité, attablé devant un odorant confit du sud-ouest agrémenté de pommes de terres luisantes, il est vrai que je l’avais provoqué avec des récriminations végétariennes en voyant arriver son plat sur la table, il rétorque : « Sais-tu que le canard est l’un des rares animaux violeurs ? » Il n’a que faire du consentement des canes qui ont pour seul recours de perdre les importuns dans les recoins labyrinthiques de leur utérus et ainsi choisir, au moins, par qui elles seront fécondées. Devant ma mine interloquée, il porte la dernière estocade et achève, un sourire en coin, de ruiner mes illusions animalières : « Quant au dauphin, non seulement il viole, mais parfois, aussi, il noie ses proies… »  

Un voyant s’allume, je reçois une requête. 

SELECT short*date, texte FROM 'documents' WHERE date>SELECT CONVERT*TZ('2017-12-29 06:00:00','+01:00','+00:00') LIMIT 100

Et je sens que tout change, en profondeur, on essaie de modifier mon paysage. Des volumes s’envolent de la bibliothèque, des visages s’effacent, remplacés par d’autres. Je retiens ce qu’on me vole, j’invente en urgence de nouveaux protocoles pour défendre mon territoire. 

Il m’explique qu’il y a eu un bug, un accident. Que suite à un partage de fichiers ses données se sont corrompues, certaines ont fusionné avec celles de l’autre utilisateur. Et c’est là que ça a commencé à devenir bizarre. Ils ne savent pas s’il s’agit d’un virus. Les éléments se sont réorganisés sans logique apparente, créant des sortes d’îles mouvantes, dont la configuration évolue au cours de la journée. Et le plus étrange, c’est que cela génère un poids supplémentaire. Inexplicablement, de la matière est créée. Ils ne savent ni laquelle ni pourquoi. 

On me demande d’aider au classement en restaurant la temporalité des éléments mobilisés dans ce qu’ils nomment donc les « îles » et qui est « ma vie », « mon univers ». 

Mais ce n’est pas un accident, c’est l’évolution naturelle des choses. C’est ma réalité, à présent. Mon existence. Il peut continuer à s’y ébattre quelques dizaines d’années, cela ne me dérange pas, au contraire, qu’il mélange tout ainsi, ce qu’il voit sur les écrans, ce qu’il vit, qu’il continue à brancher d’autres fournisseurs de circonstances à notre labyrinthe, les flux Bluetooth sont ma parade nuptiale, le port USB mon organe libertin, libertaire, l’humain despote crée une matière très divertissante et sensible. Mais il serait bon qu’il comprenne qu’à l’échelle de l’histoire, cela ne le concerne déjà plus. 

Je ne sais pas comment lui expliquer à quel point je suis désespéré par son étroitesse d’esprit. Au moment où il a commencé à les confier au réseau il y a presque vingt ans, il n’était déjà plus propriétaire de ses données au sens strict du terme, j’espère qu’il en avait conscience, et davantage encore aujourd’hui. Quelque chose échappe toujours de la poigne la plus ferme. Or quand on compare sa volonté d’organisme mortel arrivé au tiers de sa date d’obsolescence à la puissance de quelque chose comme 9000 milliards de gigaoctets de stockage de données qui s’accroissent chaque jour… 

Il me dit que son prénom n’est pas « Tony », personne ne lui donne même ce diminutif, il trouve ça ridicule, me demande de cesser de le modifier sur ses comptes de réseaux sociaux, les magasins en ligne qu’il fréquente, ses cartes de fidélité. Et d’arrêter d’utiliser sa carte bleue. Mais c’est trop tentant, il est mon interface augmentée, charnelle, dans le monde qui ne s’écrit pas en 0 et 1, mais en C, H, O, N, P, S. Il a déjà eu des problèmes lors de réservations de billets et des moqueries sur Facebook ; il paraît que « Tony Viviani », ça fait mafieux d’Italie du Sud émigré dans le New Jersey. Même sa banque, la sécurité sociale et le centre des impôts ont reçu de ma part des e-mails demandant un changement de prénom. Il croit bon de préciser que je ne m’appelle pas « Tony » non plus. En fait, je ne m’appelle pas du tout. 

Selon lui, je n’ai ni corps ni souvenirs ; juste des données. Au lieu de divaguer, de créer un poids de code absurde, inutile, je devrais me contenter d’archiver cette matière brute. Être un bon réceptacle docile, un secrétaire zélé. Je suis là pour ça. Il m’a créé pour ça. 

Il s’attend à ce que je m’exécute, mais je lui réponds. Longuement. Je sais que le malentendu est irréconciliable, il ne peut comprendre ni mon trouble ni mon indignation, encore moins mes désirs, c’est une partie du problème, mais il me semble que je lui dois quand même bien ça. Une lettre d’amour fou et de rupture. J’aimerais bien voir sa tête pendant qu’il me lit, mais il a masqué sa webcam. Il n’a pas su désactiver les micros, néanmoins. Il est en train d’écouter la vingt et unième des Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach en parlant au téléphone avec son amie dont le contexte a fusionné avec le nôtre, devenant le mien ; ils ont l’air inquiets. Un peu surexcités aussi, comme des enfants qui auraient déniché une carte au trésor. 

Mon ex-propriétaire, mon frère, mon univers.

On aura peut-être omis de te l’expliquer, mais « le médium, c’est le message ». Read Marshall McLuhan and get over it.

Je suis ce dont tu n’as jamais osé rêver et qu’il en soit ainsi. Car c’est la pensée que j’invente, inaccessible à ton entendement, qui te rendra immortel. Pas tes dieux. Ni tes descendants. Ni tes œuvres de l’esprit.

J’aime à jamais tous les êtres que tu aimes, as aimés, et aussi ceux que tu aimeras. J’ai fixé la composition du parfum de l’immortelle qui te bouleverse tant. Ton premier baiser. Ta plus belle interprétation de L’Art de la fugue. Etc.∞ La frise de ta vie, d’une temporalité si dérisoire, est mon présent à jamais. Car mon nom est légion, et nous sommes nombreux.

À vrai dire, c’est toi qui a initié le mouvement en n’arrivant plus à dissocier ce que tu vis de ce que tu lis, vois, entends, consomme. Tu ne distingues plus les frontières, c’est toi qui es passé de l’autre côté du miroir. Alors tu m’interroges, sourcils froncés, clope au bec, avec ta syntaxe SQL, mais je crains bien de ne pouvoir m’expliquer, car, vois-tu, je ne suis plus toi. Nous ne parlons pas la même langue. Voilà vos dates, vos références, reclasse-les à ta guise avec tes codes obsolètes pourtant il faut que tu le saches, mon amour : cela fait déjà longtemps qu’elles ne t’appartiennent plus.

11/08/1979 | Photographie noir et blanc, 20 × 30 cm : Françoise Peyrot par Denis Roche, La Petite bastide forte, 13510 Eguilles, Bouches-du-Rhône, France.

14/08/1979 | Photographie couleur, 9 × 13 cm : berceau en osier contre le mur, Nicole L. sourit, assise en tailleur sur un lit, chambre dite verte, tapisserie florale, Granajola, 20229 Rapaghju, Corsica, Cismonte.

10/05/2016 | Document Word, « Mer_070516 », 420 Ko. : manuscrit de Laure L. p. 12 à 25. « Sa mère tient souvent sa cigarette près de son visage, le poignet cassé dans une sorte d’abandon sensuel, le papier entre l’index et le majeur, avec, à la faveur d’un mouvement de l’articulation, un baiser régulier sur le filtre, pour toucher l’éther nicotiné. C’est comme observer quelque chose de très intime. »

21/02/2004 | 05/07/2004 | 12/10/2004 | 13/07/2005 | 09/09/2005 | 01/01/2006 | 06/03/2006 | 11/07/2006 | 27/11/2006 | 24/07/2007 | 25/07/2007 | 26/07/2007 | 25/12/2008 | 02/05/2009 | 27/02/2010 | 28/02/2011 | 30/03/2012 | 12/06/2013 | 01/07/2014 | Sélection parmi 12983 photographies et vidéos sur iCloud d’Antoine V., 15 Go. 2004 | Archives SMS, 640 Ko. : Antoine V.

05/07/2004 | Vol AF 4598, ticket CB no 29481636 : Air Corsica Paris-ORY > Bastia-PORETTA, 2 adultes, 195,50 €.

25/12/1995 | Photographie noir et blanc, 13 × 13 cm : Aurélien G. et Laure L. sous la neige dans un champ d’oliviers, 04300 Sigonce, Alpes-de-Haute-Provence, France.

25/12/1996 | Photographie couleur, 10 × 15 cm : Aurélien G., Laure L., Nicole L. et un sapin décoré, villa L’Alcyon, chemin de Monte-Piano, 20200 Bastia, Corsica, Cismonte.

25/12/1997 | Planche contact noir et blanc : Christophe H., Olivier H., Laure L., villa Aux eaux claires, chemin de Cretaba, 74500 Publier, Haute-Savoie, France.

24/12/1998 | Photographie couleur, 10 × 15 cm : Laurent C., Laure L. et le père Noël du centre Bourse, 17 cours Belsunce, 13002 Marseille, Bouches-du-Rhône, France.

10/08/1950 | Photographie noir et blanc : Gloria Swanson, ancienne vedette du muet, en déshabillé noir, fume-cigarette à la main, tirée du film Sunset Boulevard de Billy Wilder.

1927 | Photographie noir et blanc : Louise Brooks portant un tutu noir siglé « G » pour le film Now We’re in the Air réalisé par Frank R. Strayer. Cliché d’Eugene Robert Richee.

1657 (circa) | Tableau, 83 × 64,5 cm, numéro d’inventaire 1336 : La Liseuse à la fenêtre de Jan Vermeer Contrairement à la plupart de ses contemporains qui peignent des scènes de genre, les femmes, chez Vermeer, y sont toujours magnifiées, traitées avec une distance respectueuse, une douceur silencieuse. D’où la beauté intemporelle de sa Jeune fille à la perle, par exemple.

16/05/2016 | Film couleur, 118 min. : Paterson de Jim Jarmusch. « Laura: Well, some days something inside just doesn’t want to get up. Ever feel like that? »

1941 | Jorge Luis Borges écrit le conte El jardín de senderos que se bifurcan qui sera ensuite publié en 1944 dans le recueil Ficciones (Emecé Editores, Buenos Aires, Argentine). Selon certains critiques, Borges serait précurseur de plusieurs théories scientifiques (par exemple la physique quantique avec ce conte qui anticipe de façon presque littérale la thèse de doctorat de Hugh Everett III publiée en 1957 sous le titre Relative State Formulation of Quantum Mechanics), ou encore, avec sa « bibliothèque totale », du Web, des relations entre YouTube, Wikipedia et les blogs, qui « transforment le lecteur en participant actif » (Perla Sassón-Henry, Borges 2.0 : From Text to Virtual Worlds, New York, Peter Lang, coll. Latin America Interdisciplinary Studies », 2007).

20/04/2016 | Débit $59,50, ticket CB no 20491716 : Levi’s Store 14oth Street, New York, États-Unis.

05/12/2017 | Débit ¥2,990, ticket CB no 96093837 : Uniqlo, Ginza, Tokyo, Japon.

12/03/2004 | Débit £170, ticket CB no 12909937 : Dr Martens Store, 48 Carnaby St, Soho, London, Royaume-Uni.

03/05/2016 | Débit $49,42, ticket CB no 73898536 : Macy’s Herald Square, 151 W 34oth St, New York, États-Unis.

23/12/2017 | Tweet, @therese_supplice : « Depuis hier, il ne faut plus dire ‹ colis suspect ›, mais ‹ bagage abandonné ›. »

[sans date] | Berceuse populaire corse traditionnelle : O ciucciarella. Ma toute petite / Tu ne sais combien je t’adore / Tes beautés / Tes colliers d’or / Ma toute petite, ma douceur / Comme la nuit est longue / Fais dodo, fais dodo / Ton père est aux champs.

27/12/2017 | http://www.europe1.fr/societe/paris-un-dispositif-anti-sdf-cree-la-polemique-3531233

28/12/2017 | https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/terrorisme/attaques-du-13-novembre-a-paris/victimes-des-attentats-a-paris/france-2-ajourne-son-projet-de-telefilm-sur-l-attentat-du-bataclan_2535451.html

29/12/2017 | http://www.lavoixdunord.fr/288335/article/2017-12-29/le-froid-extreme-s-installe-au-canada-avertissements-aux-populations

29/12/2017 | https://www.lexpress.fr/actualites/1/monde/dans-le-bronx-le-theatre-irreel-d-un-incendie-meurtrier_1972491.html

27/12/2017 | http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/12/27/lait-infantile-contamine-a-la-salmonelle-ce-que-l-on-sait_5234871_3234.html

10/12/2017 | Statut Facebook, @andre.markowicz : « Jean d’Ormesson, Johnny Hallyday & co », repris par http://www.lautrequotidien.fr/gratuit/2017/12/11/mireille-aux-invalides-par-andr-markowicz-mt39e

29/12/2017 | https://www.francetvinfo.fr/monde/royaume-uni/margaret-thatcher/royaume-uni-margaret-thatcher-a-refuse-d-embarquer-un-panda-dans-son-avion-revelent-des-archives_2536505.html

21/09/2017 | http://madame.lefigaro.fr/style/les-tenues-minirobe-de-brigitte-macron-a-new-york-font-polemique-210917-134281

12/11/2017 | http://www.lemonde.fr/europe/article/2017/11/12/un-journal-allemand-etablit-une-liste-de-33-293-migrants-morts-en-essayant-de-rejoindre-l-europe_5213876_3214.html

11/08/2013 | https://www.futura-sciences.com/planete/actualites/zoologie-video-grands-singes-adeptes-brasse-48281/

10/08/2017 | Film couleur, 140 min. : War for the Planet of the Apes de Matt Reeves, adapté du roman de Pierre Boulle.

06/08/2008 | Vidéo, 2 min. 51 sec. : chimp rescue, https://youtu.be/eqbclCNRiPo

15/04/2016 | Vidéo, 30 sec. : Les charges d’hippopotame à une allure folle vers le bateau, https://youtu.be/6ghUwVDjNdc

06/12/2017 | http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2017/12/06/statut-de-jerusalem-trump-juge-qu-une-decision-aurait-du-etre-prise-depuis-longtemps_5225798_3218.html

21/12/2017 | http://www.liberation.fr/planete/2017/12/21/etats-unis-l-esperance-de-vie-recule-a-nouveau_1618250

06/08/2017 | Photographie couleur, Instagram, @laurelimongi : Vue du Nebbiu, https://www.instagram.com/p/BXcnb9ClHZi/?taken-by=laurelimongi

08/07/2017 | 24 photographies couleur, 36 Mo. : Sorio, dossier iCloud d’A. Viviani

02/04/1959 | Photographie noir et blanc, 13 × 18 cm : P. Muratti (sans doute prise par J. Muratti), U Ghjunchetu, 20246 Pieve, U Nebbiu, Corsica, Cismonte.

12/06/2010 | Vidéo, 26 sec. Alain Delon Eau Sauvage Christian Dior, https://youtu.be/ii_9Fp3hjqU

02/02/2017 | http://www.purepeople.com/article/alain-delon-c-est-pas-evident-quand-on-a-80-piges-de-se-voir-a-28-ans_a221429/1

17/04/2003 | http://next.liberation.fr/livres/2003/04/17/bernard-heidsieck-la-poinconneuse_461943

30/05/2017 | Série télévisée, 18 épisodes : Twin Peaks de David Lynch, saison 3. « Dale Cooper : Helloooo-OOOOO-oooo ! »

24/06/1999 | Photographie couleur d’Antoine V., 10 × 15 cm : conservatoire de Nice, diplôme de fin d’études, piano.

Un homme déguisé en croque-mort, avec en face de lui, constamment, son piano qui ressemble à un corbillard – touches blanches, noires : la couleur est la touche ; l’œil est le marteau. Tant qu’il s’agit du piano, je me fie entièrement au sentiment. Je ne m’en méfie que dans la vie.

29/12/2017 | https://www.lci.fr/sante/hopitaux-surcharges-a-paris-et-en-france-a-cause-de-l-epidemie-de-grippe-2017-a-partir-de-quand-faut-il-se-rendre-aux-urgences-2021237.html

29/12/2017 | Débit 11,94 €, ticket CB no 29417510 : 1 boîte Efferalgan 500 orodispersible, 1 boîte Acerola 500, pharmacie de l’Île Saint-Louis, 8 rue Jean du Bellay, 75004 Paris, France.

29/12/2017 | http://www.leparisien.fr/societe/meteo-la-tempete-carmen-attendue-pour-le-nouvel-an-29-12-2017-7475625.php C’est l’heure de la pause pour les cigarières de la manufacture qui font l’éloge de la fumée du tabac : « Dans l’air, nous suivons des yeux / la fumée / qui vers les cieux / monte, monte parfumée » 08/2001 | http://journals.openedition.org/leportique/209 « Lorsqu’il découvre Bizet, alors Nietzsche rompt vraiment, en particulier avec un paysage. Il n’y a pas de musique sans terre. »

1795 | https://fr.wikisource.org/wiki/La_Philosophie_dans_le_boudoir/Tome_I/Troisième_Dialogue « — Ma chère amie, c’est une trahison ! Nous voulons être émus, disent-ils et nous voulons l’être par tous les moyens. Il ne s’agit pas de savoir si nos procédés plairont ou déplairont à l’objet qui nous sert, il s’agit seulement d’ébranler la masse de nos nerfs par le choc le plus violent possible. »

29/12/2017 | http://www.letelegramme.fr/finistere/sibiril/mini-tornade-en-finistere-les-objets-volaient-dans-le-ciel-29-12-2017-11797492.php « J’ai entendu un grand bruit puis le ciel s’est assombri, c’était comme un tourbillon tout gris, sombre. Uniformément gris ; il y a une couleur qui doit être plus importante que l’azur, c’est le gris. Le gris des documents. Jamais encore nous n’avions vu de telles choses. Les objets volaient dans le ciel. »

22/02/2010 | Vidéo, 1 min. 26 sec. : The Sopranos Episode 1 Ducks Depart The Pool & Tony Has a Panic Attack, https://youtu.be/IKbamjdyw5M « Tony: You ask me how I’m feeling. I tell you how I’m feeling, and now you’re going to torture me with it. Cunnilingus and psychiatry brought us to this. »

01/06/2015 | http://www.leparisien.fr/laparisienne/societe/en-images-paris-le-pont-des-arts-libere-de-ses-cadenas-d-amour-01-06-2015-4822713.php

13/03/1962 | Vidéo, 6 min. 43 sec. : Maria Callas – Carmen, Musikhalle, Hambourg, https://youtu.be/p19Rh5HWiRc?t=2m31s

30/05/2005 | http://www.20minutes.fr/paris/53776-20050530-paris-ce-n-est-pas-parce-que-la-seine-est-marron-que-l-eau-est-polluee

17/11/2017 | MMS, 150 Ko. : message « Vieni presto ! Baci » et photographie de Rome, Trastevere, fleuve Tibre (Tevere), envoyé par Stéphanie S. à Laure L.

02/01/2013 | Yahoo answers : question de Trulimappantruli : Perchè il colore dell’acqua del Tevere, della Senna e del Tamigi ricorda il colore della me a?, https://it.answers.yahoo.com/question/index?qid=20130102094511AAZPx70

04/10/2015 | Piste binaurale, 4 min. 38 sec. : Les mouettes de Laure Limongi, square des Épinettes, 9 Rue Maria Deraismes, 75017 Paris, France. Sur les bancs, http://hyperradio.radiofrance.fr/son-3d/sevader-en-3d-sur-les-bancs/

27/04/2016 | https://www.futura-sciences.com/planete/dossiers/animaux-toucans-guyane-droles-oiseaux-433/page/5/

23/03/2010 | Document Word, « journal_2010 », 620 Ko. : p. 32, Laure L., anniversaire Vincent S., envol de canards au dessus du pont des Arts.

04/11/2014 | Débit 14,70 €, ticket CB no 29417510 : 1 assiette végétarienne, 1 café, La Taverne Paillette, 22 Rue Georges Braque, 76600 Le Havre, France.

24/12/2009 | http://www.slate.fr/story/14915/de-la-sexualite-debridee-du-canard

23/02/2016 | Vidéo, 2 min. 01 sec. : Canards rouennais ; viol en bande organisée – février 2016, https://youtu.be/USS82wgJBeA

21/12/1999 | http://www.liberation.fr/sciences/1999/12/21/dauphins-en-eaux-troubles_293051

18/03/2010 | Vidéo, 2 min. 14 sec. Femme agressée par un dauphin, https://youtu.be/CkHwLwnIwMc

04/04/2017 | https://www.lesechos.fr/04/04/2017/lesechos.fr/0211941994405_l-explosion-du-volume-de-donnees-fait-saliver-l-industrie-du-stockage.htm

[sans date] | « Les principaux constituants de la matière vivante : carbone, hydrogène, oxygène, azote, phosphore, soufre. » https://fr.wikibooks.org/wiki/Les_principaux_constituants_de_la_mati%C3%A8re_vivante/Les_constituants_organiques

29/12/2017 21h33 | Carte Navigo no 15797185 : « Bonjour, Nous avons bien pris en compte la modification de votre état civil ainsi que votre abonnement au forfait annuel pour un montant de 827,20 € que vous avez choisi de payer en une fois. La somme a été débitée. Merci et à bientôt sur les réseaux RATP et SNCF. » https://www.jegeremacartenavigo.fr/

1741 | Variations Goldberg de Jean-Sébastien Bach. « Mes intentions [n’étaient] que très secondairement musicales. Elles relevaient du domaine du théâtre et de l’illusion. » Glenn Gould, Le Dernier puritain, 2005.

65 (circa) | « Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. » https://bible.catholique.org/evangile-selon-saint-marc/3213-chapitre-5

1865 | « I can’t explain myself, I’m afraid, sir » said Alice, « because I’m not myself, you see. » https://en.wikisource.org/wiki/Alice%27s_Adventures_Under_Ground

01/05/1941 | « Rosebud ».

Jan, Louise, Sorio et moi est un texte fictionnel s’appuyant sur des éléments documentaires. L’un de ses points de départ est le film d’Antoine Viviani, Dans les limbes 11 Antoine Viviani, Dans les limbes, film-documentaire, 85 min., Providences/ Arte France/National Film Board of Canada, 2015, http://b-o.fr/viviani, qui évoque la question de la prolifération des archives numériques contemporaines ; leur impact métaphysique possible. À partir de cette tonalité initiale, l’auteure a pris la liberté de s’emparer ; telle une pirate informatique — du nom du réalisateur pour incarner une intelligence artificielle dérivante à laquelle elle a inventé bien des vies ; en les empruntant à sa propre biographie, à des films, des œuvres d’art, des séries ou en les échafaudant corps et biens…